dimanche 25 septembre 2011

Omar m'a tuer: fascinant


Je sors tout juste de la salle de cinéma. J'y ai serré les dents, ouvert la bouche de stupeur, retenu des injures, pleuré même. Signe que ce long-métrage inspiré de histoire vraie d'Omar Raddad, qui a bouleversé la France dans les années 90, a de quoi remuer.

Dans l'Hexagone, la saga judiciaire de ce jardinier marocain, accusé à tort du meurtre de sa patronne (qui aurait écrit, avec son propre sang et en faisant une faute de grammaire, «Omar m'a tuer» sur le mur de la cave où elle a été assassinée), a fait couler des pots d'encre et courir les journalistes. Ici, Omar Raddad est pratiquement un inconnu et pourtant, ce n'est pas comme s'il n'y avait pas matière à nous reconnaître dans cette présumée bavure judiciaire.

Bâti sur une chronologie qui va et qui vient dans le temps (entre 1991 et 1998), Omar m'a tuer retrace le fil de l'accusation, du procès et de la vie d'enfer qu'a menée (et mène toujours) l'accusé, dont on s'obstine à clamer la culpabilité malgré les preuves de son innocence. Ses origines maghrébines pèseraient-elles dans la balance? Poser la question...

Après avoir été déçue par l'interprétation de Sami Bouajila dans De vrais mensonges (voir ma critique), je me dois de saluer bien bas l'extraordinaire prestation qu'il nous offre ici. Mis en valeur par une image belle et simple, par une caméra tantôt fixe, tantôt mobile, l'acteur français d'origine tunisienne dévoile le talent rare de parler avec sa peau, avec ses yeux. Sans lui, le film n'aurait aucun squelette.

Manifestement partisan de l'innocence d'Omar, le réalisateur Roschdy Zem nous emmène avec doigté dans l'intimité du présumé coupable, dans ses moments d'incompréhension (il ne parle que très mal le français), de douleur, de rage.

En parallèle aux séquences de discussions judiciaires, les recherches du journaliste Pierre-Emmanuel Vaugrenard (le remarquable Denis Podalydès) sur le cas d'Omar permettent quant à elles de se plonger dans la reconstitution du meurtre et dans la recherche d'information, nécessaire pour entrevoir un brin de vérité. Une enquête qui a donné le livre Omar, la construction d'un coupable, dont s'est largement inspiré Roschdy Zem pour son film.

Une histoire captivante, des interprètes convaincants, un scénario dynamique et un dosage très juste entre information et émotion. Que demander de plus? Voilà un film vrai, clair et éclatant qui a le potentiel nécessaire pour relancer bien des débats.

1 commentaire:

  1. WoW, tout à fait mon genre de film, sincèrement, j'ai bien hâte de le voir !!!!!

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