
Qui n'aimera pas de Virgin Suicides les couleurs chaudes et les papiers peints à fleurs des années soixante, la chimie et le malaise criants des frangines encore adolescentes incomprises, la narration naïve du groupe de garçons qui assistent, impuissants, au destin tragique de leurs voisin(e)s d'en face? La descente aux enfers d'une famille bien rangée n'aurait pas pu être plus léchée. Ce film est esthétique et dérangeant.
Le traitement des thèmes — suicide, sexualité, religion — est, heureusement, toujours en surface — c'est ce qui confère au long-métrage un mystère, une aura de rêve cauchemardesque qui n'éclate qu'à la fin. Jamais les personnages n'auront de discussion sur le suicide de la petite soeur, sur les incartades de la langoureuse du lot — Lux, qu'interprète avec justesse Kirsten Dunst —, ni sur le comportement autoritaire des parents. C'est par le jeu des regards, l'accumulation des punitions, la narration des garçons que se devinent les étapes traversées par les cinq soeurs.
S'il m'a plu, The Virgin Suicides reste tout de même bon deuxième après Lost In Translation, qui demeure à mon avis le meilleur film de Coppola. Quant à Marie-Antoinette, audacieuse biographie à-la-moderne de la grande reine de France, et à Somewhere, portrait sagace mais sans charme d'un acteur acclamé à la vie monotone, je dirais qu'ils arrivent pour l'instant à la même troisième place. Serait-ce qu'il me faudrait une deuxième écoute?
Excellente critique, tu me donne envie de le revoir !
RépondreSupprimerEt je suis totalement d'accord pour ce qui est du classement des film de S. Coppola.
Je dois dire ici que Marie-Antoinette a su être meilleur à chaque écoute. Je vous conseille de faire de même.
RépondreSupprimerOn se tape la critique de Somewhere bientot.