lundi 4 avril 2011

L'autre Dumas, manque de souffle

Scénario éparpillé, absence de conviction... L'autre Dumas excelle dans l'art de l'effleurement. D'abord en offrant une mince mise en contexte, où l'on se voit projeté avec une brutalité toute 19e siècle dans la vie du grand écrivain, puis par un insaisissable survol d'émotions souvent peu crédibles, pour finir avec une Révolution quasi inaudible qui restera une vague rumeur. Déception.

Cette fresque «littératuroromantique» dans une France en pleine métamorphose aurait pu aborder une facette moins vacillante et plus universelle de l'histoire du grand écrivain français Alexandre Dumas. Car le scénario repose sur la fragile rencontre entre Auguste, assistant-nègre du prolifique écrivain, et Charlotte, une jeune fille campagnarde dont le père est en prison. Celle-ci confond naïvement, dans une scène maladroite, le prolifique assistant avec son maître Dumas. Résultat, complètement sous le charme, Auguste joue le jeu sans savoir qu'il s'enfoncera dans un imbroglio pas possible.

Tout tourne donc autour de l'attachement de Macquet pour Charlotte et de l'entêtement de celle-ci à faire libérer son père par l'entremise de l'influent écrivain. Les séances d'écriture, les frasques de Dumas, les discussions à sens unique comblent le reste du film, qui n'est pas mauvais mais n'entrera pas dans l'histoire du cinéma.

Si le film laisse plutôt froid, les performances de Gérard Depardieu (Dumas), caricatural à souhait — peut-être trop? — en écrivain gourmet égocentrique et libertin, et de son acolyte Benoît Poelvoorde (Macquet), juste et délicat dans son génie timide, restent mémorables. Quant à Dominique Blanc, exquise dans son rôle de Céleste, secrétaire et amante de Dumas, elle dépasse de loin le jeu fade de la belle Charlotte, qui campe un caractère fort et désagréablement irrégulier.

C'est plus fort que moi: L'autre Dumas m'apparaît comme un film qui a voulu être historique sans en avoir les moyens ni l'ambition. Baser son scénario sur un hasard qui tombe à plat, sans faire mousser la relation ambigüe entre écrivain et assistant ni donner de corps à cette période trouble de la France — alors que l'intrigue aurait pu être mille fois plus serrée — me semble un faible hommage à ce que fut ce grand écrivain.

1 commentaire:

  1. Je partage globalement votre avis. Le sujet de départ, pourtant passionnant (la relation entre un écrivain et son nègre) a été malheureusement bien vite abandonné au profit d’un vulgaire vaudeville (heureusement ponctué de dialogues savoureux !)

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