Les personnages de ces trois films sont tous un peu fous: fous d'amour, fous sans le vouloir, fous tout court. De quoi constater que la folie reste un concept assez large, très subjectif, et surtout qui modèle notre rapport aux autres.
Martha Marcy May Marlene (2011)
Articulé autour de
flashbacks qui nous plongent dans le monde troublant d'une secte américaine du Connecticut, ce long-métrage détaille la vie de Martha Marlene — ou Marcy May — à partir du moment où, sans que l'on sache ni pourquoi ni comment, elle s'enfuit de la ferme où survit le petit groupe tricoté trop serré. Profondément déroutée, elle trouve refuge chez sa soeur qu'elle n'a pas vue depuis des années. De toute évidence, le lavage de cerveau et les chocs encaissés là-bas ont laissé leurs traces, semblables à celles d'un choc post-traumatique: nervosité, égarement, agressivité, incapacité de communiquer... Il y a longtemps que je n'avais pas vu un thriller psychologique d'une telle grâce, brillamment mis en scène et aux protagonistes convaincants. Et le but est atteint: on reçoit bien peu de réponses mais on en ressort dérangé à souhait.
Like Crazy (2011)
Cet agréable film est passé tout à fait inaperçu l'an dernier, et je me demande bien pourquoi.
Like Crazy raconte l'histoire d'une jeune britannique venue étudier pendant quelques mois à Los Angeles, où elle tombe amoureuse d'un jeune Américain. Je vous vois déjà soupirer, mais sachez qu'il ne faut pas se fier aux apparences: ce n'est pas parce qu'un film parle d'amour impossible qu'il tombe dans tous les clichés. C'est le quotidien banal mêlé d'une légère euphorie que l'on retrouve ici, dans la réalité d'un amour qui se défait à cause de la distance et qui, on le sait bien, n'est pas toujours exclusif. J'ai beaucoup aimé la caméra subtile, les silences, les regards. Entre l'Angleterre et la Californie, on voyage dans cet amour incertain et on pardonne les quelques flous au scénario parce qu'on a envie de revoir
Like Crazy — juste pour le plaisir de l'image, de la musique et de l'amour en petites vagues.
Adam (2009)
C'est dommage qu'
Adam soit si banal et mal scénarisé, parce que l'acteur au rôle titre, Hugh Dancy (qu'on voit aussi dans
Martha Marcy May Marlene), est d'un réalisme fou dans la peau d'un jeune homme atteint du syndrome d'Asperger. Impossible de ne pas s'attacher à lui, à ses petites manies et à sa franchise débordante. Amoureux de sa voisine de palier, il développe des sentiments qu'il n'a jamais connus et qui, pour une fois, sont réciproques. Mais l'hésitation de la jeune femme en question (très quelconque Rose Byrne) et les soubresauts que vivent sa famille mettent des bâtons dans les roues du couple... Je répète, c'est dommage que le film soit si long, qu'il n'ait au fond aucun message de fond ni d'élégance visuelle particulière — parce que le thème aurait pu être à la base d'un très solide argument.
One Day (2011)
Nombreuses sont les filles à avoir lu le sympathique roman au même titre de David Nicholls, où deux amis de longue date refusent de s'avouer leur amour. Et c'est vrai que le livre est bien, qu'il est drôle, même touchant. Mais malheureusement, le travail de scénarisation — pourtant l'oeuvre de l'auteur lui-même — n'a pas la délicatesse ni l'exhaustivité à laquelle on s'attend. Découpé comme le livre en séquences séparées d'un an pour commémorer le jour de leur rencontre,
One Day ne fait qu'effleurer le pourquoi du comment de la vie d'Emma et de Dexter, qui explique pourtant l'intrigue et l'action. Certaines parties sont escamotées, d'autres traînent en longueur. Pour le cinéphile qui n'a pas lu le livre, le long-métrage reste donc bien mince autour de l'os. Ce qui sauve la mise, ce sont les très talentueux Anne Hathaway et Jim Sturgess, qui crèvent littéralement l'écran, et la musique fantastique de Rachel Portman — qu'on connaît pour ses mélodies crève-coeur de
Never Let Me Go, entre autres. De bien jolis attributs pour un film sincère, mais incomplet.