Que d'émotions cinématographiques ces dernières semaines! Il y avait longtemps que je n'avais pas navigué ainsi entre plusieurs genres, de la comédie sentimentale américaine jusqu'au drame semi-japonais, en passant par le dernier cri du 3D. Réflexions.
Silver Linings Playbook (2012)
C'est une histoire de folie et de famille un peu tout croche, d'amour qui s'emboîte mal et de thérapies qui battent de l'aile. Sorti de l'institut psychiatrique où il se remettait après un choc émotionnel particulièrement violent (dans tous les sens du terme), le bipolaire Pat rencontre Tiffany, une fille aussi amochée que lui — mais dont la répartie et le caractère cinglant suscitent bientôt chez lui un brin de réflexion. Comme on savoure leurs dialogues! Comme on rit de ces situations à la fois loufoques et dures! Un film d'une étonnante qualité, autant pour son scénario fluide et maîtrisé que pour ses comédiens d'une solidité de marbre. Bradley Cooper, que je redécouvre avec stupeur ici, et Jennifer Lawrence, dont l'aplomb jette par terre, sont d'ailleurs tous deux en nomination pour l'Oscar de Best Actor/Actress in a Leading Role — et Silver Linings Playbook est en lice pour le Best Picture. Fait rare pour un film mi-drame mi-comédie qui n'en avait sans doute pas l'ambition.
Life of Pi (2012)
Ma première sortie au cinéma de l'année: Life of Pi, adapté du roman de Yann Martel par le réalisateur taïwanais Ang Lee (Brokeback Mountain). Très attendue, l'entreprise était surtout audacieuse considérant l'originalité du sujet: à la suite d'un naufrage dans l'océan Indien, le jeune Pi Patel se voit condamné à partager son canot avec des animaux sauvages, sortis du zoo qu'avait son père à Pondichéry et qui faisaient voyage avec eux vers le Canada. Fidèle au livre, Life of Pi a quand même quelques faiblesses, comme des acteurs de soutien vacillants et des scènes longues, parfois vides de sens. Mais les noeuds du film, soit la survie en mer elle-même et la bataille de tous les jours avec le tigre Richard Parker, sont exceptionnels — chapeau, d'ailleurs, aux effets spéciaux (merci 3D) et à la spectaculaire progression physique et psychologique de Pi vers l'état «sauvage», qui vient inévitablement après autant de temps passé seul sur un radeau. Inutile de dire que Suraj Sharma, en jeune Pi, tient le rôle d'une vie. Sans surprise, Life of Pi est candidat dans plusieurs catégories des prochains Oscars, où il est nominé entre autres pour le convoité Best Picture. Mais avec comme rivaux Amour de Haneke et Lincoln de Spielberg, la compétition est rude.
The Perks of Being a Wallflower (2012)
Un bijou. Je répète: un bijou. Quel film humain, original, audacieux! The Perks of Being a Wallflower nous dévoile une intimité de jeunesse, la naissance d'une amitié entre trois adolescents de l'école secondaire un peu marginaux, qui ont chacun leurs cicatrices et leurs secrets. Adapté du roman éponyme de Stephen Chbosky — qui signe également le scénario et le film —, The Perks ne cache pas ses origines littéraires, et c'est tant mieux. La narration est d'ailleurs l'oeuvre du personnage principal, le timide Charlie (Logan Lerman), doué pour l'écriture et sans ami depuis la mort de son seul copain. Quand il rencontre la belle Sam (Emma Watson) et son demi-frère Patrick (Ezra Miller), un jeune gay extraverti au grand coeur, sa vie change de cap. Dire que The Perks est réussi est un euphémisme: c'est un délicat portrait de l'adolescence dans ce qu'elle peut avoir de beau et de plus profond, même si tout vole parfois en morceaux. Emma Watson montre ici tout son talent de jeune femme en devenir et Ezra Miller, franchement, est une révélation: impossible de ne pas être emballé par ses idées folles, ses mimiques et sa joie de vivre. Un personnage à l'image du film, justement.
Water For Elephants (2011)
Drôle de hasard: Cousine et moi avons regardé presque en même temps ce film sans prétention, qui met pourtant en scène de grands noms: Christoph Waltz bien sûr, toujours aussi brillant, de même que la délicate Reese Whiterspoon et le désormais vedette Robert Pattinson, vampire reconverti en tombeur de ces dames. Mais détrompez-vous: Water for Elephants n'est pas un film à l'eau de rose bien qu'il parle d'amour: c'est surtout une formidable plongée dans le monde du cirque et de ses ouvriers ambulants, dévoués corps et âme à leur métier de nomades qui bâtissent du spectacle. Un portrait fascinant, donc, que complète l'histoire d'amour — crédible, tiens — entre la femme du grand patron et un jeune vétérinaire du cirque. Une belle épopée, encore une fois adaptée d'un livre (Sara Gruen), mais qui a l'avantage d'être enfin original puisqu'il se fait instructif en plus de combiner les éléments essentiels à un film haletant: amour et suspense.
Rabbit Hole (2010)
Celui-ci n'est pas pour les mères et les pères sensibles: on traverse avec un couple le deuil de leur petit garçon, mort frappé par une voiture devant chez lui. Jamais on ne voit l'accident comme tel: l'enfant ne vit que dans les souvenirs de ses parents, dans ces traces qu'il a laissées derrière lui (jouets, photos, vêtements) et qui rendent le deuil immensément long, même absurde. Tiré d'une pièce de théâtre, Rabbit Hole se fait ici un film psychologique tout en lenteur et en travail sur soi, mené par deux très bons comédiens: Nicole Kidman et Aaron Eckhart, que j'avais découvert dans Towelhead. Traitement américain oblige, ils sont très aisés et par conséquent, l'immensité de leur maison (et de leur solitude, aussi) rappelle le vide auquel ils doivent faire face. Bientôt, le couple est acculé au pied du mur: la vie doit continuer, sinon c'est l'éclatement. Vraiment, une belle découverte, qui traite avec doigté un thème difficile à mettre en images.
(500) Days of Summer (2009)
Pour apprécier une comédie romantique, il faut se tourner vers l'indépendant: la machine hollywoodienne ne produit presque que des navets, on le sait depuis longtemps. Avec (500) Days of Summer, donc, on retrouve certes une histoire traditionnelle où les coeurs jouent au yo-yo, mais qui se veut aussi une sorte de leçon de rédemption, d'anti-amour-fou — et ça fait du bien. Curieux? Laissez-vous tenter, l'histoire en vaut la peine et le scénario aussi: découpé en séquences, donc bâti sur d'incessants retours en arrière et projections dans le temps, on voyage ainsi dans les journées (500) de l'histoire entre Tom et Summer, qui travaillent tous deux dans une entreprise de cartes de souhaits (!). Si Zooey Deschanel est correcte, Joseph Gordon-Levitt est franchement rafraîchissant dans sa candeur et sa détermination, qui le rendent fort aimable à l'écran. Un moment sympathique, comme disait Cousine, qui va au-delà de la ritournelle je-t'aime-moi-aussi.
Memoirs of a Geisha (2005)
Pour quiconque nourrit une curiosité pour le Japon et ses mystères, Memoirs of a Geisha saura vous combler au-delà de vos attentes. C'est dans le monde très sélect et très exigeant des geishas, ces dames de compagnie douées pour les arts, que nous plonge ce long-métrage de deux heures vingt bien senties, véritable épopée à travers le Kyoto du XXe siècle. On suit le destin d'une jeune fille arrachée à sa soeur et ses parents, devenue plus tard une grande geisha, et qui nourrit pour un homme bien plus vieux qu'elle un amour qui durera des années. Cérémonie du thé, apprentissage du shamisen, séances de maquillage et de revêtement du kimono, compétition entre les geishas du quartier de Gion... Rien n'est laissé au hasard. Pour avoir lu le livre qui a inspiré le film — Geisha de Arthur Golden —, je peux dire que l'adaptation est réussie, autant en termes de direction photo que d'interprétation. Avec Steven Spielberg comme producteur, ça se comprend.
Love Actually (2003)
Je parlais de comédies romantiques made in Hollywood... Pour un film grand public de temps des Fêtes, la brochette de grands noms de Love Actually impressionne (Colin Firth, Hugh Grant, Liam Neeson, Keira Knightley, même Mr Bean) et la durée aussi (deux heures). Et pourtant, le temps passe vite, il faut l'avouer. Et comme ce sont plusieurs histoires que l'on suit en alternance, il est presque impossible de se lasser malgré le ton un peu répétitif de la chose: amour, amour... Heureusement, les protagonistes sont crédibles, surtout Hugh Grant en président des États-Unis et sa charmante compagne de scène, Martine McCutcheon. Bon, ce n'est pas «l'ultime comédie romantique» comme l'annonce la pochette, mais c'est un film sympathique, caricatural à souhait, pour rire un peu. Point.
Silver Linings Playbook (2012)
C'est une histoire de folie et de famille un peu tout croche, d'amour qui s'emboîte mal et de thérapies qui battent de l'aile. Sorti de l'institut psychiatrique où il se remettait après un choc émotionnel particulièrement violent (dans tous les sens du terme), le bipolaire Pat rencontre Tiffany, une fille aussi amochée que lui — mais dont la répartie et le caractère cinglant suscitent bientôt chez lui un brin de réflexion. Comme on savoure leurs dialogues! Comme on rit de ces situations à la fois loufoques et dures! Un film d'une étonnante qualité, autant pour son scénario fluide et maîtrisé que pour ses comédiens d'une solidité de marbre. Bradley Cooper, que je redécouvre avec stupeur ici, et Jennifer Lawrence, dont l'aplomb jette par terre, sont d'ailleurs tous deux en nomination pour l'Oscar de Best Actor/Actress in a Leading Role — et Silver Linings Playbook est en lice pour le Best Picture. Fait rare pour un film mi-drame mi-comédie qui n'en avait sans doute pas l'ambition.
Life of Pi (2012)
Ma première sortie au cinéma de l'année: Life of Pi, adapté du roman de Yann Martel par le réalisateur taïwanais Ang Lee (Brokeback Mountain). Très attendue, l'entreprise était surtout audacieuse considérant l'originalité du sujet: à la suite d'un naufrage dans l'océan Indien, le jeune Pi Patel se voit condamné à partager son canot avec des animaux sauvages, sortis du zoo qu'avait son père à Pondichéry et qui faisaient voyage avec eux vers le Canada. Fidèle au livre, Life of Pi a quand même quelques faiblesses, comme des acteurs de soutien vacillants et des scènes longues, parfois vides de sens. Mais les noeuds du film, soit la survie en mer elle-même et la bataille de tous les jours avec le tigre Richard Parker, sont exceptionnels — chapeau, d'ailleurs, aux effets spéciaux (merci 3D) et à la spectaculaire progression physique et psychologique de Pi vers l'état «sauvage», qui vient inévitablement après autant de temps passé seul sur un radeau. Inutile de dire que Suraj Sharma, en jeune Pi, tient le rôle d'une vie. Sans surprise, Life of Pi est candidat dans plusieurs catégories des prochains Oscars, où il est nominé entre autres pour le convoité Best Picture. Mais avec comme rivaux Amour de Haneke et Lincoln de Spielberg, la compétition est rude.
The Perks of Being a Wallflower (2012)
Un bijou. Je répète: un bijou. Quel film humain, original, audacieux! The Perks of Being a Wallflower nous dévoile une intimité de jeunesse, la naissance d'une amitié entre trois adolescents de l'école secondaire un peu marginaux, qui ont chacun leurs cicatrices et leurs secrets. Adapté du roman éponyme de Stephen Chbosky — qui signe également le scénario et le film —, The Perks ne cache pas ses origines littéraires, et c'est tant mieux. La narration est d'ailleurs l'oeuvre du personnage principal, le timide Charlie (Logan Lerman), doué pour l'écriture et sans ami depuis la mort de son seul copain. Quand il rencontre la belle Sam (Emma Watson) et son demi-frère Patrick (Ezra Miller), un jeune gay extraverti au grand coeur, sa vie change de cap. Dire que The Perks est réussi est un euphémisme: c'est un délicat portrait de l'adolescence dans ce qu'elle peut avoir de beau et de plus profond, même si tout vole parfois en morceaux. Emma Watson montre ici tout son talent de jeune femme en devenir et Ezra Miller, franchement, est une révélation: impossible de ne pas être emballé par ses idées folles, ses mimiques et sa joie de vivre. Un personnage à l'image du film, justement.
Water For Elephants (2011)
Drôle de hasard: Cousine et moi avons regardé presque en même temps ce film sans prétention, qui met pourtant en scène de grands noms: Christoph Waltz bien sûr, toujours aussi brillant, de même que la délicate Reese Whiterspoon et le désormais vedette Robert Pattinson, vampire reconverti en tombeur de ces dames. Mais détrompez-vous: Water for Elephants n'est pas un film à l'eau de rose bien qu'il parle d'amour: c'est surtout une formidable plongée dans le monde du cirque et de ses ouvriers ambulants, dévoués corps et âme à leur métier de nomades qui bâtissent du spectacle. Un portrait fascinant, donc, que complète l'histoire d'amour — crédible, tiens — entre la femme du grand patron et un jeune vétérinaire du cirque. Une belle épopée, encore une fois adaptée d'un livre (Sara Gruen), mais qui a l'avantage d'être enfin original puisqu'il se fait instructif en plus de combiner les éléments essentiels à un film haletant: amour et suspense.
Rabbit Hole (2010)
Celui-ci n'est pas pour les mères et les pères sensibles: on traverse avec un couple le deuil de leur petit garçon, mort frappé par une voiture devant chez lui. Jamais on ne voit l'accident comme tel: l'enfant ne vit que dans les souvenirs de ses parents, dans ces traces qu'il a laissées derrière lui (jouets, photos, vêtements) et qui rendent le deuil immensément long, même absurde. Tiré d'une pièce de théâtre, Rabbit Hole se fait ici un film psychologique tout en lenteur et en travail sur soi, mené par deux très bons comédiens: Nicole Kidman et Aaron Eckhart, que j'avais découvert dans Towelhead. Traitement américain oblige, ils sont très aisés et par conséquent, l'immensité de leur maison (et de leur solitude, aussi) rappelle le vide auquel ils doivent faire face. Bientôt, le couple est acculé au pied du mur: la vie doit continuer, sinon c'est l'éclatement. Vraiment, une belle découverte, qui traite avec doigté un thème difficile à mettre en images.
(500) Days of Summer (2009)
Pour apprécier une comédie romantique, il faut se tourner vers l'indépendant: la machine hollywoodienne ne produit presque que des navets, on le sait depuis longtemps. Avec (500) Days of Summer, donc, on retrouve certes une histoire traditionnelle où les coeurs jouent au yo-yo, mais qui se veut aussi une sorte de leçon de rédemption, d'anti-amour-fou — et ça fait du bien. Curieux? Laissez-vous tenter, l'histoire en vaut la peine et le scénario aussi: découpé en séquences, donc bâti sur d'incessants retours en arrière et projections dans le temps, on voyage ainsi dans les journées (500) de l'histoire entre Tom et Summer, qui travaillent tous deux dans une entreprise de cartes de souhaits (!). Si Zooey Deschanel est correcte, Joseph Gordon-Levitt est franchement rafraîchissant dans sa candeur et sa détermination, qui le rendent fort aimable à l'écran. Un moment sympathique, comme disait Cousine, qui va au-delà de la ritournelle je-t'aime-moi-aussi.
Memoirs of a Geisha (2005)
Pour quiconque nourrit une curiosité pour le Japon et ses mystères, Memoirs of a Geisha saura vous combler au-delà de vos attentes. C'est dans le monde très sélect et très exigeant des geishas, ces dames de compagnie douées pour les arts, que nous plonge ce long-métrage de deux heures vingt bien senties, véritable épopée à travers le Kyoto du XXe siècle. On suit le destin d'une jeune fille arrachée à sa soeur et ses parents, devenue plus tard une grande geisha, et qui nourrit pour un homme bien plus vieux qu'elle un amour qui durera des années. Cérémonie du thé, apprentissage du shamisen, séances de maquillage et de revêtement du kimono, compétition entre les geishas du quartier de Gion... Rien n'est laissé au hasard. Pour avoir lu le livre qui a inspiré le film — Geisha de Arthur Golden —, je peux dire que l'adaptation est réussie, autant en termes de direction photo que d'interprétation. Avec Steven Spielberg comme producteur, ça se comprend.
Love Actually (2003)
Je parlais de comédies romantiques made in Hollywood... Pour un film grand public de temps des Fêtes, la brochette de grands noms de Love Actually impressionne (Colin Firth, Hugh Grant, Liam Neeson, Keira Knightley, même Mr Bean) et la durée aussi (deux heures). Et pourtant, le temps passe vite, il faut l'avouer. Et comme ce sont plusieurs histoires que l'on suit en alternance, il est presque impossible de se lasser malgré le ton un peu répétitif de la chose: amour, amour... Heureusement, les protagonistes sont crédibles, surtout Hugh Grant en président des États-Unis et sa charmante compagne de scène, Martine McCutcheon. Bon, ce n'est pas «l'ultime comédie romantique» comme l'annonce la pochette, mais c'est un film sympathique, caricatural à souhait, pour rire un peu. Point.
Life of Pi: je ne sais pas pourquoi, ce film ne me dit rien. J'ai lu le livre et je n'éprouve pas le besoin de voir le film. Peut-être qu'il en vaut la peine au cinéma, mais bon..
RépondreSupprimerThe Perks: Mission accomplie cousine, tu m'as donné le goût de le regarder.
Rabbit Hole: ouffff quel sujet pénible. Ça a l'air bien réussi, mais bon, en tant que parent, ce n'est pas le genre de sujet qui attire.
(500) Days of Summer: contente que tu aies aimé le film. Une de mes scènes préférées: celle où il va à la fête de Summer et où on nous présente les deux scénarios (rêvé et réel). :)
Geisha: J'avais ADORÉ le livre et j'ai trouvé que le film lui rendait bien justice. Une adaptation fort réussie.
Love Actually: Comme tu le dit - un film sympathique qui fait sourire. À ré-écouter à l'occasion dans le temps des fêtes.
J'ai ajouté un film probablement pendant que tu lisais mon post: Silver Linings Playbook. As-tu le goût de le voir? C'est tordu, je suis convaincue que tu aimerais.
RépondreSupprimerJ'aivais déjà vu Geisha vla longtemps et j'avais pas aimé; ma blonde aime par contre.
RépondreSupprimerÀ part ça, y en a t'il un que tu me conseille? À part le film de cirque, je ne suis pas sur pour les autres.