mardi 8 février 2011

Partir: bien, sans plus

Trop, trop vite: c'est la conclusion à laquelle j'en suis venue après l'écoute de Partir, long-métrage français tourné à Nîmes et en Espagne par Catherine Corsini. L'histoire de cette femme qui craque pour un ouvrier espagnol venu rénover sa demeure bourgeoise, pourtant intense et vorace, laisse un arrière-goût pesant: la réalisatrice aurait-elle pu mieux traiter le sujet?

Car tous les personnages arrivent très rapidement dans le décor sans que l'on sache qui ils sont, d'où ils viennent et ce qu'ils ont vécu — de quoi mal expliquer les réactions parfois quasi adolescentes des protagonistes à l'oeuvre. La caméra, elle, se fait rapide et sournoise — les scènes sont pour la plupart très courtes, souvent dramatiques sinon érotiques. Bref, les événements se bousculent au portillon et on voudrait, désespérément, que ça se calme pour mieux comprendre. Car tout ici est fondé sur une seule émotion: la passion. Partir est un film physique.

Le choix de Suzanne de quitter son mari — l'excellent Yvan Attal — en plaquant maison, enfants et vie facile, puis son amour de feu avec Ivan l'Espagnol de chair — incarné par le crédible Sergi Lopez — et enfin sa détermination à vivre autrement bouclent bien un scénario fondé sur le «trio classique». Mais la situation devient à ce point délirante qu'on se demande si le tout ne va pas un peu trop loin — surtout que la réalisatrice semble avoir fait le choix de ne pas tomber dans la psychologie. En aurait-il fallu un peu plus? Poser la question, c'est y répondre...

Mais il reste que les scènes d'amour entre Suzanne et Ivan, réalisées de façon à ce qu'on les sente quasi charnelles, expliquent bien ce que recherche Suzanne dans son adultère. Les séquences au bord de la mer ou en nature entre les deux amants sont fort réussies, car elles viennent apaiser le sentiment de panique qui ne fait que s'accentuer au fil du long-métrage. Vous devinez que la fin n'est pas jolie et que la passion aura ses conséquences — le mari n'a pas dit son dernier mot...

Sur quelques points, j'accorde à Partir le qualificatif de beau. Mais il en aurait fallu plus pour que la liberté à laquelle se donne droit Suzanne arrive à nous transporter.

5 commentaires:

  1. Et même beau, c'est un peu généreux

    RépondreSupprimer
  2. Je suis totalement d'accord avec l'opinion de Geneviève. Même que je serais un petit peu plus sévère qu'elle. En fait, ce que j'ajouterais à sa critique est que je trouve que le courant ne passe pas bien entre les deux acteurs principaux (les amoureux charnels). Il y a des couples au cinéma dont la chimie est si forte qu'elle transperce l'écran. Mais ici: rien. Je ne me suis sentie nullement touchée par cette passion peu crédible, et c'est dommage car il s'agit de l'épine dorsale du film.

    RépondreSupprimer
  3. Tu as tout à fait raison Cousine! Maintenant que tu le dis, c'est justement cette absence de passion crédible qui fait qu'on a l'impression de voguer sur le film plutôt que de le vivre entièrement...

    RépondreSupprimer
  4. Incroyable quand même !! On fait juste regarder l'affiche et ce qu'on ressent ? Le néant !

    RépondreSupprimer
  5. SCOOP: Le commentaire "Anonyme" c'est Pascal !! Il vient de me l'avouer. lol

    RépondreSupprimer