Ne serait-ce que pour la constater l'inaction de la communauté internationale dans ce qui fut l'un des plus atroces génocides de la planète, il faut voir Un dimanche à Kigali. Une fois terminée la lecture du passionnant livre de Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine à Kigali, j'ai voulu mieux comprendre l'horreur de ce qu'a vécu le Rwanda en 1994, mettre des images sur les mots. Un génocide que l'on décrie désormais, mais sans nécessairement en connaître les replis.
Entièrement tourné au Rwanda avec des comédiens québécois (Luc Picard, Alexis Martin, Geneviève Brouillette) et rwandais, Un dimanche à Kigali raconte l'histoire de Bernard Valcourt, un journaliste et cinéaste canadien, au Rwanda pour tourner un documentaire sur le sida. Autour de la piscine de l'hôtel où il réside s'affairent Blancs et Noirs, Tutsis et Hutus, dans une «valse» de sexe et de supériorité à donner mal au coeur. Quand il s'amourache de la jeune et belle Gentille, une Hutue au long corps Tutsi, son monde bascule: il se remet à vivre, mais plonge dans l'enfer du pays au bord du massacre. Pour ensuite le traverser en direct.
Première constatation: pour arriver à comprendre le film, il faut impérativement avoir lu le livre. Connaître la panoplie de personnages, les causes du massacre des Tutsis et Hutus modérés par les extrémistes Hutus, le silence de la communauté internationale sur ce qui se trame. Cela dit, mis à part quelques scènes plus mécaniques, les personnages y sont particulièrement émouvants et humains. Surtout Fatou N'Diaye, qui incarne Gentille avec à la fois douceur et fermeté. Le film étant bâti sur des retours incessants dans le temps, mélangeant présent et passé grâce à des transitions où l'image, jaune et verte en hommage à ce pays pays des Mille Collines, devient grise et terne, on côtoie en même temps horreur et bonheur. C'est symbolique et très réussi.
Certains diront que le livre est plus complet, plus cru, plus violent, plus réel. Et c'est vrai. Mais c'est une bonne chose que tous les massacres et autres atrocités ne soient pas transmis à l'écran, parce qu'on ne supporterait pas plus de vingt minutes un tel bain de réalité. Un dimanche à Kigali a plutôt la qualité de raconter les détails du génocide sans prendre parti, de montrer un pays dans toute sa beauté et son infâmie, de faire vivre la fureur d'un amour impossible alors que tout explose alentour.
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