jeudi 29 octobre 2009

Ulzhan

Je savais qu'Ulzhan (prononcer «ouljeanne») serait un film spécial, moins dans le sens de bizarre que dans le sens de dérangeant. Le road movie d'un Français qui se perd au Kazakhstan? De quoi déconnecter assez profondément merci. Et ça n'a pas manqué.

Ulzhan, c'est l'histoire d'un Français qui débarque au Kazakhstan, on ne sait d'où ni pourquoi ni comment, et qui décide de se perdre dans le néant des steppes du pays - ce qui veut dire sur les routes interminables lancées en ligne droite, dans la capitale Astana poussée en plein champ, dans les forages de pétrole, dans les montagnes désolées de l'Asie centrale.

Tout le film n'est que le récit de la longue marche de Charles, le Français en question, à travers le pays. Il se fout éperdument de perdre son passeport, son identité, ses bagages. Sa seule motivation est de toujours continuer à marcher, comme s'il fuyait quelque chose. Lui-même? Un mauvais souvenir? Le seul objet de valeur qu'il possède - et auquel il tient - est une photo. On apprendra plus tard - beaucoup plus tard - pourquoi il y tient autant.

Sur sa route, il rencontre des Kazakhs, des villageois comme des enfants ou des marchands, mais surtout Ulzhan - qui a donné son nom au film. Cette belle Kazakh ne fera pas dévier Charles de son chemin, mais l'accompagnera dans sa quête existentielle. Leur relation est toujours à la limite du tendu, ce qui est différent de l'amour habituel dans les films. Croyez-moi, ce n'est pas un long-métrage hollywoodien qui finit comme vous pensez. Pas du tout.

Ce qui fait la beauté du film?

1. La photographie. Elle est à couper le souffle. Le Kazakhstan, j'en suis à peu près certaine, n'aura jamais été aussi bien mis en valeur. C'est tout simplement incroyable. Rien que pour les images, ou pour le sentiment de paix qui se dégage du silence qui domine, il faut voir Ulzhan. Les plans de montagnes enneigées, de rochers escarpés, de rivières, de steppes, de déserts, le tout dans cette marche inlassable à pied ou à dos de cheval... Ouf. De belles images jumelées à des moments très forts, puissants même, où le silence et la contemplation atteignent des sommets,

2. Les acteurs. La jeune Ulzhan m'a beaucoup étonnée dans son rôle, qu'elle remplit à la perfection à mon avis : une amie précieuse, dévouée, silencieuse, avec des regards éloquents. Le personnage de Charles étant difficile à interpréter, je suis portée à dire que le comédien l'a très bien réussi lui aussi. Et que dire du marchand de mots, tellement caricatural qu'on s'attache à lui?

Quelques petites zones d'ombre...

1. Le français est la langue principale du film, ce qui veut dire que presque tous les Kazakhs que rencontre Charles parlent français d'une façon ou d'une autre - ils l'ont appris il y a longtemps, ou alors l'enseignent... Ces «coïncidences» m'ont un peu embêtée.

2. On se demande comment il fait pour vivre, pour avoir de l'argent, pour ne pas mourir de froid ou mangé par une bête - si tant est qu'il y a des bêtes dans ce pays désertique.

3. Quelques fois, les personnages ou les événements sont tellement spéciaux qu'on se demande si on ne tombe pas dans le fantastique... Mais j'avoue que ces événements portent à la réflexion et sont souvent très beaux. Je pense à une cérémonie de mort sur le bord d'une montagne avec des chants kazakhs...

Lorsque le générique est apparu, sur une dernière image à rester bouche bée, j'ai gardé le silence parce que je ne savais pas quoi dire d'autre. Mon ami assis à côté de moi n'a pas plus parlé; et je sentais que tacitement, on venait de voir un grand film. Adeptes de cinéma, vous le savez : parler après un moment aussi intense, c'est en briser toute la beauté. Vraiment, un film à voir.

4 commentaires:

  1. Je vais l'écouter. J'ai hate de voir ce voyage en images d'un autre pays.

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  2. Je viens finalement de l'écouter; ça a pris un peu de temps car il ne m'inspirait pas beaucoup.

    En fin de compte, j'ai trouvé moyen. C'est vrai que les paysages et le sentiment du voyage sont présents, mais à part ça le film avait un peu de difficulté à me maintenir intéressé. Je crois que la beauté de la fille qui l'accompagne a aidé à "tricher" et à capter mon attention! Le tout manque d'intéret, tout simplement.

    Alors je ne considère pas ce film à voir, il y en a d'autres bien plus intéressants dans le genre je crois.

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  3. Ah oui! Je suis surprise. Moi j'avais pourtant bien aimé, malgré ses petites faiblesses. On pourra s'en reparler pendant le temps des Fêtes!

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